INDUSTRIE 4.0 est sur les rails, c’est un fait acquis, mais le débat de fond sur les bénéfices espérés continue.
Les promoteurs de Industrie 4.0 tablent sur une croissance forte avec l’avènement de l’automatisation / robotisation de l’industrie grâce entre autres à des gains de productivité et donc la diminution du coût du travail. Deuxième bénéfice attendu, des créations d’emplois en nombre par une meilleure compétitivité des entreprises.
Mais dans le même temps, une étude de Frey et Osborne (2013) estime à 47% la part de population des salariés US présentant un risque de voir leur travail automatisé ou robotisé dans les 10 à 20 ans à venir. Des études similaires réalisées en Europe sur la même approche et les mêmes hypothèses estiment suivant les pays un risque de 35% pour la Finlande (Pajarinen & Rouvinen 2014) et jusqu’à 60% en Allemagne (Brezsky & Burk – 2015). Aïe, pas très en phase avec le discours officiel…
Devant cette mauvaise publicité, une nouvelle étude montre que pour les 21 pays de l’OCDE, compte tenu d’hypothèses un peu différentes, seuls 9% des emplois seraient menacés (M. Arntz, T. Gregory, U. Zierahn – 2016). C’est mieux… mais alors, c’est 10% ou 50% des emplois qui sont « à risque » ??
« Pas grave, ce n’est pas la question » disent les promoteurs de l’Industrie du Futur, « une étude du BCG montre que de toute façon, avec les nouvelles technologies, l’impact sur l’emploi sera positif et par exemple l’Allemagne va créer 1 million d’emplois avec Industrie 4.0 »
Super… mais en lisant un peu plus finement ce rapport, on voit aussi que ce 1 million d’emplois (à 80% dans l’informatique) s’accompagne dans le même temps de la destruction de 600.000 emplois peu qualifiés. Aaahhh, quand même, ça va faire du monde à reclasser ! « Taisez-vous donc, esprit chagrin » me dit-on, « Nous aurons quand même un solde positif de 400.000 emplois ». Donc OK pour plus d’emplois, ce n’est qu’un problème de transfert de compétences…
Mais si je regarde d’un peu plus près, je vois que 400.000 emplois, c’est moins de 1% du nombre de salariés Allemands, et ça va s’étaler sur 10 ans (la durée d’implémentation de Industrie 4.0), donc environ 40.000 emplois supplémentaires par an, soit 0,1% par an… A l’échelle d’un pays comme l’Allemagne c’est peu, non ? Autant dire RIEN si on prend en compte la précision du calcul et la variation des hypothèses … Et si je poursuis ma réflexion, ce sont donc des emplois d’une qualification supérieure aux emplois détruits (donc plus cher) qu’il va falloir rémunérer, et donc qui auront du mal à « rendre le coût du travail moins cher »… c’est ça ?
A ce stade, je devrais conclure que Industrie 4.0 va détruire entre 10 et 50% des emplois peu qualifiés, tout en créant des emplois plus qualifiés et donc plus chers, pour un solde positif rikiki de 0,1% par an, au prix d’investissements machines conséquents et engendrer une plus forte dépendance à l’informatique. Aïe (bis)…
Vous je ne sais pas, mais moi je suis un peu perdu ! Il va me falloir aller un peu plus loin dans l’étude pour que je comprenne mieux… A Suivre donc.