TOYOTA. Voilà l’image d’Épinal de l’excellence industrielle mondiale aujourd’hui. De la même façon que quand on dit « fruit », la première image qui vient à la plupart des gens est celle d’une pomme, TOYOTA est aujourd’hui LE modèle auxquels les industriels font le plus volontiers référence quand il s’agit de parler d’excellence industrielle. Plus précisément, c’est à travers le LEAN que les pratiques de du TPS (Toyota Production System) ont petit à petit conquis les industriels du monde entier. Si bien qu’aujourd’hui, nombreux sont les industriels fiers de mettre en place des 5S, du Kanban, des poka yoke, des kaizen, pour supprimer les fameux mudas et découvrir les bienfaits des principes du Gemba ou du Genchi Genbutsu.
Formidable. Que ce soit clair : je n’ai rien contre les japonais, et je ne veux rien enlever du mérite des pratiques de TOYOTA, ni même de ceux qui ont contribué à travers le LEAN à les faire connaître et à les diffuser. Simplement, je ne suis pas japonais, je suis incapable de prononcer la plupart de ses mots, et je suis atterré par la capacité des industriels à penser à travers le filtre des idées et des outils des autres, sans avoir le réflexe de se dire qu’ils auraient peut-être intérêt à penser par eux-mêmes avant d’aller piocher ailleurs.
Je crois aux vertus de la mondialisation telles que Xavier FONTANET, PDG d’ESSILOR, les décrit : un formidable moyen de challenger et d’ouvrir ses propres pratiques en observant avec curiosité et humilité celles des autres. Oui, il y a sans doute beaucoup à apprendre des philosophies de Toyota, du Lean. Mais cela ne doit pas vous empêcher de penser par vous-même à ce qui pourrait faire votre propre performance ! On ne gagne pas une course en suivant les premiers. Si vous voulez vous démarquer un tant soit peu de vos concurrents, plutôt que de tenter maladroitement de copier leurs pratiques, vous avez tout intérêt à vous poser beaucoup plus simplement la question de base : « Bon, comment je peux faire pour 1 : mieux satisfaire mes clients et 2 : le faire à moindre coûts ? ». Allez voir sur le terrain vos opérateurs, allez regarder vos machines tourner, allez demander à vos clients ce qu’ils aimeraient. Fuyez comme la peste les vendeurs de miracles et les consultants qui ont des outils ou des méthodes magiques à vous vendre.
Arrêtez de parler japonais, ou américain, ou n’importe quoi d’autre. Comptez sur vous pour résoudre vos problèmes, avec des outils qui sont peut-être encore à créer, avec les gens de votre entreprise, avec votre culture, vos talents propres, votre façon d’être meilleurs.